En deux ans à peine Mark Muller - 659 amis sur Facebook - aura usé ou dégoûté (?) deux pilotes: Benoît Genecand, ex banquier UBS, démissionnaire au bout de trois mois, devenu constituant et président du Stade de Genève et de la Chambre genevoise immobilière et Sylvie Bietenhader, haut fonctionnaire, qui démissionne, seize mois après son engagement, pour reprendre la Gérance immobilière de la Ville, domaine où son expérience professionnelle n'est pas plus grande que celle de son prédecesseur, devenue secrétaire générale de la constituante. Deux pilotages avortés en moins de deux ans, c'est beaucoup. Le conseiller d'Etat libéral trouvera-t-il un troisième larron avant les élections de cet automne? Comment peut-on piloter le PAV?
Sans doute Mark Muller proposera-t-il un architecte, un urbaniste, un promoteur immobilier, un ingénieur civil, un poète?
Ce dernier choix ne serait peut-être pas le moins bon. Une ville, ça se rêve avant de se construire. Il y a peu l'Eglise protestante s'est interrogée sur l'opportunité d'y construire un temple ou une église ou les deux à la fois. Et pourquoi pas une mosquée? Les Zurichois ont bien implanté au coeur de Sihlcity une église multimodale. Discrète tout de même, pas de quoi concurrencer le temple de la consommation. N'empêche que c'est bien un coeur et une âme qui manquent au PAV. La gauche de la Ville aura beau jeu de dénoncer les financiers à qui la loi de déclassement promet de juteuses affaires.
Un poète donc qui réconcilie les Genevois avec leur ville. La ville peuplée, ouvrière, chaudron social et culturel, telle qu'on la trouve dans les différents quartiers de Genève construits entre 1850 et 1920. Avant que l'on invente les quartiers villas, les cités satellites, les "un, deux ou trois étages sur rez avec jardins privatifs", qui font le bonheur de promoteur et le malheur de la cité.
Un poète qui trace les places et les parcs avant de faire valser les milliards. Qui écoutent les travailleurs, les entrepreneurs, les consommateurs, les instituteurs et chantent et jouent le bal des grues, la valse des rues, le jazz des mues.
La mutation, c'est dans la tête des Genevois qu'elle doit s'opérer et comme les Genevois sont ce qu'ils sont, ronchonneurs et donneurs de leçons, il faut aussi leur donner de quoi exprimer leur identité. Il faut innover en matière de gouvernance et inventer pour le PAV une Autorité citoyenne d'urbanisme à laquelle les communes de Carouge, de la Ville de Genève et de Lancy ainsi que le canton céderont le pouvoir d'aménagement et de police des constructions et donc les revenus fiscaux seront progressivement partagés entre tous, y compris le fonds de péréquation communal. (photo Bonzon)
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